Faire découvrir et jouer aux enfants d’élémentaire Nasr Eddin Hodja, héros traditionnel de la littérature islamique, qui, à l’instar de Renart dans notre culture,ou de Thill l’Espiègle dans la culture allemande, rie de tous et toutes, et surtout des puissants et des religieux… Les très courts textes qui le mettent en scène montrent son goût pour la farce,l’humour absurde et l’irrévérence.
Une histoire à méditer à propos de l’école
A l’époque où les ponts étaient encore rares sur le fleuve, Nasreddine travaillait comme passeur. Avec sa petite barque, il faisait traverser les gens d’une rive à l’autre contre quelques misérables piécettes.
Un jour, un grand savant, les bras chargés de livres, prit place dans la barque. Nasreddine lui souhaita la bienvenue et parla avec lui de choses et d’autres. Le savant se rendit compte que Nasreddine ne maîtrisait pas bien la grammaire, et que sa façon de parler n’était pas très recherchée. Il lui demanda:
– Mon ami, n’es-tu jamais allé à l’école?
– Non, lui répondit timidement Nasreddine en continuant de ramer.
– Alors, mon ami, sache que tu as perdu la moitié de ta vie.
Nasreddine fut vexé mais garda le silence.
Lorsque la barque fut parvenue au milieu du fleuve, un courant rapide la renversa, et les deux hommes se retrouvèrent à l’eau, assez loin l’un de l’autre.
Nasreddine vit le savant qui se débattait pour ne pas se noyer. Il lui cria:
– Est-ce que tu as appris à nager, maître?
– Non, répondit le savant en continuant à se débattre.
– Alors, mon ami, tu as perdu ta vie toute entière!